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Vie d'un Baby Boomer, de la Saône et de son village

24 novembre 2020

Février 1963 - La Saône est prise par les glaces

saone_2012_005

En France, quand on pense aux grands épisodes de froid, on pense à l'hiver 52 et à l'Abbé Pierre.

L'hiver 62/63 fut pourtant l'un des plus dures que la France a du subir. Le Strasbourg fut bloqué par les glaces à Bellevile sur Saône pendant tout le mois de février 1963. J'ai donc passé mes vacances de février sur le bateau entouré par les glaces qu'on entendait craquer quand le froid était le plus intense. On était pas seul, d'autres bateaux furent aussi contraints de subir cet arrêt forcé.

Malgré le froid, ce furent deux semaines magnifiques. Nous étions nombreux à avoir rejoint nos familles pendant ces vacances. Tous les jours, c'était des parties de glissades insensées sur la rivière devenue banquise. On a même fait rouler une voiture sur la glace. Beaucoup de mariniers jouaient de la musique, en particulier de l'accordéon ou de l'harmonica. Chaque soir, on se retrouvait dans la cabine surchauffé d'un bateau de l'un ou de l'autre, pour chanter accompagnés par le piano à bretelles de l'un d'eux.

Comme je vous l'ai déjà expliqué, il fallait sortir de la cabine pour aller se coucher. Cette pièce était très peu chauffée et ma mère préparait des briques enveloppées dans du journal qu'on glissait sous les couvertures pour réchauffer le lit. Je peux vous dire qu'il fallait s'emmitoufler au maximum. Le plafond au-dessus de nos lits était bas et le matin en nous réveillant, des stalactiques se formait pour nous rappeler la froid qui sévissait dehors. En général, je replongeais la tête sous les draps retardant au maximum le moment de me lever.

Cette année là, On a presque pu traverser la Saône sur la glace. Il y avait une toute petite bande où la Saône n'était pas assez prise pour nous en empêcher. Je peux vous dire qu'on a quand même essayer au désespoir des adultes.

Personne n'est tombé malade, même le plus terrible virus n'aurait pas résisté à l'air sec de ce mois de février 1963

PS : Malheureusement, je n'ai pas de photo de cette période. La photo du haut représente la Saône prise par les glaces à Neuville sur Saône.

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7 septembre 2020

Mon père, Raboliot de la Saône

Raboliot

J'adorais aussi le côté braconnier de mon père. Il connaissait parfaitement la rivière, tous les recoins, les moindres bancs de sable ou le poisson pouvait venir se frotter quand le soleil était au zénith. On pêchait quand la pêche était interdite. Mon père avait disséminé tout au long de notre trajet une cinquantaine de nasses qu'il relevait rapidement quand nous passions à proximité. Après Beauregard, le paysage devenait clément pour ce genre d'activité, pratiquement pas d'habitations ni de chemins. La voie était libre. On le faisait en remontant, le bateau vide, pour approcher le plus près possible du bord de la rivière, dans les herbes et les joncs très présentes à cette époque.

La nasse était munie d'une petite marque de flottaison pour la repérer. Un coup de croc pour la récupérer, on la vidait rapidement et on la reposait 100m plus loin avec un appât à l'intérieur. Ce qui intéressait mon père dans ses nasses, c'était pas seulement les poissons, mais surtout les écrevisses qui se monnayaient bien mieux auprès des restaurateurs de la région. Tout le monde y trouvait son compte, mon père qui arrondissait ses fins de mois, le restaurateur qui trouvait des produits frais pêchés du jour et le client avait dans son assiette des écrevisses régionales loin de celles que l'on mange maintenant qui arrivent d'on ne sait où.

Une autre de nos activités lucratives était les escargots. Quand il avait plu après un beau soleil, on trouvait le Strasbourg, le nez dans une île et toute la famille partait à la recherche des gros escargots qui pullulait dans une végétation dense et loin de tout. La suite est moins glamour ! Après il fallait faire dégorger les gastéropodes. On mettait tous ce petit monde dans de vieilles et grandes lessiveuses, on jetait des poignées de gros sel et on attendait une bonne semaine. Les lessiveuses se gorgeaient de bave, on lavait tout cela à grandes eaux. On les décoquillait, enfin mon père les décoquillait et direction les restaurants. Pour être franc, je ne suis pas sûr de toutes les opérations subies par les escargots. Quand la bave commençait à sortir des grosses marmites, votre serviteur évitait de passer à côté. Je crois que, maintenant, avec tous les contrôles sanitaires, cette méthode ne passerait pas vraiment.

Je vous parlerais dans une autre chronique des pratiques plus lucratives de mon Raboliot de père. Je vous parlerais aussi d'une pêche traditionnelle et autorisée qui rapportait aussi de l'argent à mon père.

3 septembre 2020

Les cirques

Cirque

A Lyon nous déchargions le sable à Perrache entre le pont de chemin de fer et le pont Kitchener, là où passent actuellement l'autoroute. Celle-ci, voulue par Louis Pradel, traverse Lyon de part en part, défigurant la ville. Justement à cet endroit là, il y avait, pour moi, la plus belle place de Lyon qu'on appelait le Cours Verdun. C'était un immense quadrilatère bordé d'arbres. C'était ici que venaient s'installer les grandes vogues mais aussi tous les grands cirques avec leurs chapiteaux, leurs ménageries et toutes les roulottes où vivaient les gens du cirque : Directeur, artistes, hommes de piste. Ils sont tous passés par le Cours Verdun, les plus grands cirques de France : Amar, Pinder, Jean Richard, Bouglione et bien d'autres encore. Il y restait longtemps, 1 mois quelque fois plus.

Dès que le Strasbourg accostait, je fonçais sur la place voir la ménagerie et les représentations. A force de me voir, j'étais connu de tout le monde et on me laissait rentrer de partout, vers les animaux, me balader aux abords des roulottes, au milieu des bizarreries humaines que proposaient les cirques de l'époque. J'ai ainsi pu voir, les hommes les plus petits, les femmes à barbe, les hommes forts qui cassaient des chaînes à la la force de leurs poitrines. Tous me connaissait. Je me souviens, assis sous un arbre, regarder les cornacs laver les éléphants. j'étais à 2m d'eux sans barrière, sans fossé me séparant de ces animaux pourtant réputés dangereux. J'assistais aux représentations de l'après-midi, assis sur un tabouret devant un rideau. Je frissonnais avec les numéros d'équilibristes et de trapézistes, je riais avec les clowns que j'avais pourtant vu des dizaines de fois, je m'émerveillais devant l'évolution des chevaux dans un ballet bien réglé, je retenais mon souffle quand le dompteur entrait dans la cage aux lions. Il y avait aussi tout le décorum, tout ces hommes en rouge qui faisait vivre le cirque et la musique entrainante entre chaque numéro. Pour le petit garçon d'une dizaine d'années que j'étais, c'était vraiment magique, féérique.

Depuis, j'ai toujours garder une véritable empathie pour les cirques, même les petits qui viennent encore dans nos villages.

Il fallait que ma mère vienne me chercher quand le bateau allait repartir. Elle me trouvait quelquefois tout prêt des cages aux lions ou entre les chevaux qui attendaient pour faire leur numéro. Un fois en partant, une femme à barbe est venu m'embrasser au grand désarroi de ma mère.

A cause de cela, j'ai toujours aimé les films qui parlaient de cirque ou de ces baladins qui vont de ville en ville. J'ai du regarder 20 fois Sous le plus grand chapiteau du monde avec Charlton Heston. Et dernièrement, j'ai adoré Les ogres, une histoire qui raconte l'errance d'une troupe de comédiens itinérants à travers la France.

Vive le cirque : Si vous en avez un qui débarque à côtés de chez vous, courez-y

 

 

31 août 2020

De Ville en ville, de fêtes en fêtes

Feu_d_artifice

On dit que les marins ont une femme dans chaque port, moi, j'avais de nouveaux copains chaque soir quand l'on s'amarrait à côté d'autres bateaux. On vivait au rythme du calendrier des fêtes et manifestations qui s'échelonnaient le long de la Saône. Le 14 juillet, on était Quai de la Pêcherie,  face à Fourvière pour profiter du feu d'artifice. Le 1er mai à Neuville sur Saône pour la traditionnelle foire aux échelles. Outre le déballage de marchandises en tous genres et la grande vogue, il y avait beaucoup de marchands d'échelles de toutes tailles qui se mettaient à l'embranchement du quai et de la route à la hauteur du restaurant La Championnette. C'était pour nous un rendez-vous incontournable qu'on ne manquait sous aucun prétexte. J'en reparlerais plus tard dans une prochaine chronique

Je crois que c'est en Septembre qu'avait lieu à Montmerle la foire aux chevaux. Je me souviens aussi de la fête de Trévoux. On lâchait des canards sur la Saône et le but du jeu était d'aller les attraper à la nage. Plus vieux, j'ai évidemment participé à cette course. Pauvres canards qui se demandaient bien ce qu'on leurs voulait.

Pour le bicentenaire de la ville de Lyon, une grande fête avait eu lieu. On avait demandé à mon père de descendre un tremplin de ski de Nautique pour une exhibition. A cette époque, un certain Jean Marie Muller était un champion de ce sport. Il y avait eu aussi une course de hors-bord. Pour ce service rendu, mon père avait eu l'autorisation de laisser le bateau amarré sur le quai. Il y avait un monde fou. Tout le monde voulait monter sur le bateau, il a fallu enlever la planche d'embarquement pour éviter une invasion.

Le bateau était notre maison, une maison qu'on pouvait déplacer au gré de nos envies comme des romanichels allant de ville en ville, de fêtes en fêtes. D'ailleurs, on se sentait proche d'eux et de leur liberté. Ni dieu, ni maître, simplement maître à bord sur le Strasbourg !

27 août 2020

Première séparation

Citroen

Ce serait vous mentir de vous dire que je me rappelle de ma vie avant mes 6 ans.

Par rapport aux enfants terriens, évidemment, je n'ai pas été à la maternelle (Je ne sais même pas si elle existait à l'époque), direction illico pour la classe préparatoire. Comment fait-on pour aller à l'école quand un bateau voyageur est notre seul maison. Une seul solution : La pension !

Il a bien fallu que je fasse comme les copains et je me suis retrouvé en pension à Trévoux chez une dame. Je me souviens bien de son nom ; Elle s'appelait Bonheur par contre je suis incapable de me rappeler son prénom. Bonheur ! Drôle de nom ! Ce ne fut pas un bonheur pour moi qui avait l'habitude d'être dans un environnement confiné avec mes parents. De toute façon, ce n'est jamais facile de quitter ses parents pour un enfant et je n'ai pas dérogé à la règle.

Le village de Trévoux, au passé historique important, surplombe la Saône. Au centre, une grande place qui s'ouvre sur un large paysage avec la rivière à ses pieds. On peut voir les Monts de Beaujolais au fond. La place n'était pas loin de la maison. Dès que je le pouvais, je fonçais sur la place où trônais un kiosque à musique qui existe encore d'ailleurs. Cette escapade avait pour seul but d'aller voir si le Strasbourg était amarré en bas. C'était soit une immense joie soit une immense déception. Du plus loin dont je me souvienne c'est quand je remontais les escaliers qui conduisaient chez Mme Bonheur, il me semblait que personne ne pouvait être plus malheureux que moi.

C'est à partir de là que j'ai commencé à me débrouiller tout seul. Quand le bateau était à Lyon, avec l'accord de mes parents, je prenais le car tout seul pour descendre à Lyon. J'avais 7 ans. Le lundi, de bonne heure, mon père me mettait au car pour remonter. C'étaient les cars Citroên. Le terminus se situait vers la Gare de Perrache, pratiquement à la hauteur de La Brasserie Georges. Les cars marrons étaient rangés en épis avant de s'éparpiller dans toute la région. Un petit mot au chauffeur pour assurer ma sécurité et je repartais vers Trévoux.

Chez Madame Bonheur, nous étions deux fils de mariniers et l'autre ne partait jamais à part pour les vacances.
Madame Bonheur était une gentille dame, mon malheur ne venait pas d'elle. Non, c'était le spleen de la famille et du bateau.

Comme vous pouvez le constater, il ne me reste rien en mémoire de l'école, ni du lieu, ni des maîtres, ni des copains. C'est dire comme cela m'intéressait.

Dans le préambule de ce blog, je stipule que j'ai eu de la chance dans ma vie. Je vais en avoir bientôt, cette situation ne durera pas longtemps. Un événement familial va me permettre de rompre avec cet isolement. Ce sera l'objet d'une autre chronique.

PS : Photo du haut : Du fond de ma mémoire, les cars que je prenais ressemblais à celui-ci. Il me semble !

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24 août 2020

Premier voyage sur le Strasbourg

ecluse_Bernalin_1

Donc, j'ai embarqué sur le Strasbourg fin juillet pour mon premier voyage ; c'est ainsi que l'on nommait nos aller-retours entre Lyon et Belleville. D'ailleurs mes parents étaient payés aux voyages qu'ils effectuaient. Ma mère était chargé de tenir à jour le carnet de bord du Strasbourg.

Pour mon premier voyage, j'ai du beaucoup dormir mais on peut l'imaginer quand même. D'abord la remontée de Lyon avec des ponts dont certains, détruits et remplacés aujourd'hui, présentaient certaines difficultés comme le Pont du Change et le pont de Serin, pont à plusieurs arches resserrées difficile à appréhendés surtout en période de crue.

Maison_bernali

A cette époque, trois écluses régulaient la Saône (Ile Barbe - Rochetaillée - Bernalin). Entrée dans l'écluse - Amarrage du bateau - Fermeture des portes arrières - Fermetures des 6 ou 8 vannes arrières - Ouvertures des 6 ou 8 vannes avant - On laissait le sas se remplir ou se vider selon le sens - Ouverture des portes avant. Deux éclusiers en général géraient ces opérations. A la sortie de Lyon, le voyage devenaient plus bucolique et sympathique. C'étaient d'abord l'Ile Roy et ces baigneurs venant au plus prés du bateau pour s'amuser dans les vagues.

Neuville avec son pont de pierre, Trévoux et sa passerelle qui sera un de mes théâtres de jeux plus tard. Plus on s'éloigne de lyon, plus la Saône devenaient verdoyante : Saint Bernard où je fus baptisé, Jassans, Beauregard, un passage qu'on appelait la Maison du Diable, paysage perdue dans un méandre de la rivière. On arrivait à Montmerle, longeait quelques petites îles pour arriver à Belleville, au port de Belleville plus précisément.

Le chemin du Strasbourg ne s'arrêtait pas là, il fallait faire encore 3 ou 4 kilomètres pour arriver à la drague située en plein milieu de nulle part. Le Strasbourg filait à 10kms/heure environ, il nous fallait donc un peu plus de 6 heures pour faire le voyage.

Comme nous étions en été, mon père a du faire attention aux nombreux pêcheurs en barque, aux baigneurs qui s'aventuraient, aux autres bateaux qui descendaient. Il faut savoir qu'à l'époque, la Saône était une véritable autoroute à bateaux. Il devait y avoir une cinquantaine de sabliers comme le Strasbourg, plus les bateaux qui venaient de plus loin, transportant du fer, du charbon, du blé de l'essence et même du vin. Tout ce petit monde se croisait, se klaxonnait, se saluait. Une vraie communauté !

Voilà comment un homme, un femme, un petit bébé plus un chien ont du effectuer ce premier voyage en cet fin du mois de Juillet 1948

P.S. Les photos représentent l'écluse de Bernalin de nos jours ainsi que sa maison éclusière

 

22 août 2020

Le Strasbourg

Strasbourg

Dans ma première chronique, je vous raconte mon premier embarquement sur le bateau qui allait rythmer ma vie pendant de longues années. Petit aparté : Vous ne m'entendrez jamais dire péniche, mais toujours bateau. Le terme péniche était réservé aux terriens. Je n'ai jamais entendu, ni mon père, ni ma mère, employer le mot péniche. Toujours bateau.

Notre bateau s'appelait le Strasbourg. Le poste de pilotage qu'on appelait la marquise faisait 4m de large. Le gouvernail était au centre et les commandes du moteur sur la droite. A gauche, on avait une machine à coudre à pédale où ma mère réparait des habits, confectionnait des rideaux, des draps enfin tout le travail d'une femme d'intérieur. Pour manger, on n'arrêtait pas le bateau, on mettait une table pliante, des tabourets. Ainsi mon père pouvait continuer à conduire tout en mangeant.

En descendant 4 marches, on avait accès à la cuisine : Une cuisinière à charbon, un petit évier, un frigo à pétrole, une table de six places avec une banquette et surtout des placards tout autour pour ranger les victuailles et les ustensiles du quotidien. Je pense que les concepteurs de caravane ont du prendre des idées sur des cabines de bateau pour construire leur maison roulante.

Je vous raconterais plus tard comment ma mère faisait pour réaliser toutes les tâches ménagères. J'ai toujours penser que la personne qui a le plus souffert dans cette vie batelière, c'était ma mère.

Sur le Strasbourg, pour aller aux chambres, il fallait sortir, passer devant le moteur et descendre dans un lieu encore rempli de placard. Deux boxs comme des couchettes de train qui nous servait de chambres. Inutile de vous dire que cette partie du bateau n'était pas pratiquement jamais chauffée sauf dans les grands froids par un poêle à pétrole qu'il valait mieux éteindre pour ne pas s'asphyxier durant la nuit. Il y avait aussi une toilette dont les déjections se déversaient directement en Saône. Eh Oui !
Il y faisait chaud en été et froid en hiver. Par grands froids, sur le plafond de ma couchette, en me réveillant, des stalactites pouvaient se former avec ma respiration.

Comme vous le voyez, c'était spartiate voir étroit. Tant que j'étais petit, je n'ai pas trop souffert de cette promiscuité mais en grandissant, cela devenait plus difficile, plus contraignant.

Sur la photo du haut : Le Strasbourg se présentant à l'écluse de l'Île Barbe avec ma mère devant prête à participer aux manoeuvre d'éclusage.

A la prochaine chronique !

20 août 2020

Premiers cris

Vous allez vite comprendre pouquoi je suis si attaché à la Saône, douce rivière qui vient se jeter dans les bras musclés du Rhône à Lyon. Et pourtant, à ma naissance, si j'avais pu ouvrir les yeux, c'est sûrement le Rhône que j'aurais vu en premier.

Je suis né en juillet 1948 à l'Hotel Dieu de Lyon, une immense bâtisse bâtie sur les quais du Rhône. Même si je n'en suis pas certain, de sa fenêtre de chambre, ma mère pouvait voir l'impétueux Rhône attendant sa rencontre avec la Saône sa future bien aimée, quelques kilomètres plus loin.

Hotel_Dieu

Je ne pourrais pas dire (Because trop petit) à quoi pouvait ressembler cette usine à accouchement qu'était l'Hotel Dieu. Il devait encore rester quelques stigmates de la guerre car l'établissement fut endommagé assez sérieusement pendant la libération de Lyon. Ce ne devait pas être un hôtel de luxe mais après les quelques jours réglementaires de post naissance, ma mère et votre serviteur durent rejoindre leurs pénates. C'est là que la Saône va devenir mon terrain de jeu pour rester au fond de moi comme un ADN indestructible.

Mes parents étaient mariniers, ils vivaient sur un bateau qui transportaient du sable qu'ils chargeaient à Belleville sur Saône pour le descendre sur Lyon. Les grands ensembles poussaient comme des champignons dans l'agglomération. La demande en sable étaient énorme. Une bonne soixantaine de bâteaux, on les appelait les Sabliers, sillonaient la Saône pour amener inlassablement la précieuse marchandise vers la grande ville.

Mon premier embarquement eut lieu au Quai de la Pécherie à 10 minutes à pied de mon lieu de naissance. Je devais avoir 6 ou 7 jours, il devait faire chaud, enfin je suppose. Ma mère mit le pied à bord, mon père largua les amarres et en route pour mon premier voyage au son lancinant et endormeur du moteur Berliet 50 chevaux qui tractait le bateau.

PS : J'ai visité récemment l'Hôtel Dieu rénové comme un sou neuf. J'ai trouvé ça, un peu froid sans beaucoup d'âme. Et puis franchement, je n'ai pas trouvé une seule plaque signalant ma naissance en ce mois de juillet 1948. C'est pas très classe !

 

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Vie d'un Baby Boomer, de la Saône et de son village
  • Je suis né en 1948. La guerre était derrière nous. Trop jeune pour la Guerre d'Algérie. 20 ans en mai 1968 et sa révolution de société. Pas de chômage. Une accélération extraordinaire des technologies. Une chance incroyable. Et pourtant ! ! !
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